L'énigme du guerrier d'Aubagnan



Pierre Dubalen, érudit, préhistorien et archéologue landais, fouillait en 1914, un des nombreux tertres funéraires que comptaient alors Chalosse et Tursan avant que ceux-ci ne soient plus tard arasés lors des travaux de remembrement et mises en culture.

C'est alors qu'il découvrit dans les fosses d'un tumulus de l'âge du fer dans la lande dite de Mesplède, entre Vielle et Aubagnan, au dessus de l'urne renfermant des cendres, un amas des restes métalliques d'une cotte de maille faite de petits anneaux de fer et bronze, puis les éléments d'un casque de fabrication vraisemblablement celte décoré d'un pommeau sommital et de garde-joues décorés de bossettes, d'un pommeau d'épée en bronze, et les restes tordus d'un lance.Il s'agissait donc de la sépulture d'un guerrier. 

Mais sur la cote de mailles se trouvaient diverses plaques de bronze et fibules soudées et agglutinées ainsi que les fragments  de deux coupes en argent, dont une rehaussée d'or, dites phiales (Coupes rondes sans pied en forme d’assiette utilisées pour le culte ou les rituels).Or ces coupes portaient deux courtes inscriptions en caractères ibère, unique découverte signalée dans l'Aquitaine. Ces inscriptions difficiles à déchiffrer furent par la suite interprétées comme des patronymes.( anbailku, anbaikar, anbaikar, binbaikar selon les différents spécialistes sur la première, et betiteen, jtiteeki, jkutiteegi sur la seconde)

fragments des phiales

La deuxième coupelle, plus petite et très fragmentaire, était par ailleurs décorée dans sa partie centrale d’une tête de lion, et on y distinguait également une jambe humaine et un chien, interprétés comme un chasseur et son lévrier.



Les objets recueuillis on fait dater la sépulture de l'époque du second age du fer, et vraisemblablement de la fin du IIe siècle avant J.C. 

Il s agissait là surement du tombeau d'un grand chef aquitain ou celtibère, ou du moins d'un personnage important ou un guerrier assez riche pour être détenteur d’objets aussi prestigieux que ces phiales d’argent, indices d'une classe dominante et guerrière . 

Tout à coté, une urne voisine contenait un fragment de diadème orné en relief et bijoux en bronze.qui fit désigner ces sépultures comme celle d'un roi et d'une reine.  Puis la découverte d'autres nombreuses urnes lors de ces fouilles puis plus tard en 1925 fait penser à un cimetière collectif ou tribal 


Le guerrier enseveli là, et surtout l'inscription ibère qui l'accompagne , restent encore des énigmes.depuis le fond des ages:

les inscriptions

Était il un Aquitain ou un Ibère, et, dans la seconde hypothèse, pourquoi et comment a t'il pu se trouver à Aubagnan, y mourir et s'y faire ensevelir avec armes et bijoux ? S'il s'agit bien d'un chef ibère , cela pourait laisser supposer que ce coin de l'Aquitaine était  lui-même une terre ibère où du moins que des Ibères s'y seraient installé 

Sauf que la coupe ornée de ces inscriptions peut n'être qu'un objet étranger au pays et venu ici par échange, voire être le fruit d'un butin. On peut supposer qu'avant l'occupation celte et et la conquête romaine, les Aquitains avaient subi réellement l'influence des Ibères d Espagne ( Catalogne ou Navarre ?) et entretenaient des contacts du moins ponctuels avec ce peuple voisin, si ce n'est  plus étroitement apparentés.En effet, pourquoi un Aquitain, s’il n’était pas  Ibère, se serait-il fait enterrer avec des objets contenant des inscriptions ibériques ?

De fait, la controverse se poursuit entre les spécialistes de cette période encore obscure et l'interprétation de cette découverte a fait l'objet d'une abondante littérature scientifique.

représentations de guerrier ibère