LA BATAILLE DE TALLER


enluminure du Beatus de Saint-Sever qui pourrait évoquer la bataille de Taller

Réalité ou légende ?

Qui, passant par Taller, se souvient de la bataille qui s'y est tenue ? Sûrement pas grand monde. Plus nombreux sont ceux qui n'en ont jamais entendu parler. Il est vrai que les témoins ont disparu depuis bien longtemps et que les comptes rendus sont inexistants. Seule la tradition, qui fait des landes de Taller le théâtre d'une importante bataille, s'est perpétuée chez quelques locaux ou érudits .

On peut , il est vrai, excuser les ignorants en précisant que cette bataille s 'est déroulée il y a maintenant plus de 1000 ans, puisque elle a opposé, vers 982, Guillaume Sanche, duc de Gascogne, aux envahisseurs Normands, et mettant ainsi fin à leur domination sur le pays (lequel était alors indépendant de l'autorité des derniers Carolingiens).


Mais d'où sort donc cette histoire ancienne?


D'abord des moines de Saint-Sever. En effet, selon le récit figurant dans leur Cartulaire, la fondation de leur abbaye résulterait d'une promesse faite par Guillaume Sanche à l'occasion de cette bataille, en reconnaissance de la protection du saint martyr. Il aurait fait voeu d'ériger un monastère sur le lieu de la chapelle primitive du tombeau du saint protecteur au cas de victoire contre les envahisseurs païens.

A tout le moins, la charte atteste la tenue d'une bataille, contre une troisième incursion des Normands, avant la fondation de l'abbaye de St-Sever en 988. Les historiens se sont à peu près accordés sur les années 981 ou 982, sans justification certaine, si bien que les érudits de la Société de Borda ont organisé à Dax, en septembre 1982, un colloque à l'occasion du millénaire de l'évènement.

La tenue dune bataille étant retenue, pourquoi donc la situer précisément à Taller plutôt qu'ailleurs ? La charte de Saint-Sever ne mentionne pas plus le lieu de Taller que la date.


Mais il se trouve que le cartulaire de Saint-Pierre de Condom (première moitié du XIe siècle) revendique la possession d'une relique vénérée, qui serait une croix prise lors de la bataille sur un chef ennemi nommé Airald, et offerte à l'abbaye. Et dans le récit des circonstances de la donation de cette croix , les copistes précisent que l'affrontement eut lieu dans une plaine appelée Talleras, ajoutant même que ce lieu isolé était encore jonché de plus d'ossements blanchis des nombreux combattants qui y avaient été tués que d'herbes verdoyantes.

Ce sont les deux seuls récits contemporains faisant allusion à cette bataille entre le duc et comte de Gascogne Guilhem-Sants et des Normands (Vikings ) commandés par un certain Aigrold ou Airald, et le lieu n’est nommé que dans le texte de Condom sans indice certain qu’il s’agit du Taller situé près de Castets dans les Landes.Et aucun texte normand n'y fait allusion.
Pierre Marca ,dans son Histoire du Béarn, en 1640 (livre III ch 7 et 8) , évoque bien la bataille mais n'indique pas le lieu. Arnaud Ohienard, dans l'Histoire des deux Vasconnies, indique que la rencontre eut lieu dans une lande rase ( rictis acis in planitie Talleyras dicta ) reprenant sans doute le Cartulaire de Condom qui précise que le combat s'engagea dans un lieu solitaire.

On a donc déduit qu'il s'agissait de Taller venant des graphies anciennes Taliare- Talleyras- Taleras- Taller-

A ce jour, aucune donnée ou vestige archéologique ne permet d’accréditer tout cela. D'autant que les récits originels des moines, copiés, compilés, augmentés , font également une part belle à la légende. Ainsi on peut lire que le saint martyr Saint Sever est miraculeusement apparu en armes sur un cheval blanc, comme, un siècle plus tôt, l'apôtre Saint-Jacques de Compostelle à la bataille de Clavijo au coté des chrétiens espagnols contre les Maures) . Aussi légendaire est le récit de la mort du chef Airald après qu’on lui eut retiré sa croix protectrice dont les pouvoirs se perpétuaient à Condom.



Malgré tout, la tradition serait confortée dans sa vraisemblance par l'établissement dans un quartier du village, d'un hôpital nommé Fosse-Guimbaud ou Guibaud, qui aurait été fondé par Guibaud, le frère de Guillaume Sanche, par ailleurs qualifié d'évêque de Gascogne. Cet hôpital aujourd'hui disparu, dont on trouve des vestiges au sud du ruisseau de l’Escourion, figurait encore au XVIIIe siècle comme halte sur la voie de Tours du chemin des pèlerins vers Compostelle( depuis Lesperon, vers Taller-Gourbera et Dax) . Cet hôpital , au lieu-dit Kyo, figure sur la carte de Cassini comme chapelle ruinée.On y enleva des pierres jusqu'en 1793.

Peut-être qu'en ce lieu furent enterrés les morts de la bataille, voire Gombaud lui-même qui semble mort à cette époque.Encore que le frère s'appelait Gombaut et l'hôpital nommé Guimbaud ... Mais bon !

Déjà que l'occupation effective des Landes par les Vikings fait débat, la tenue de la bataille à Taller soulève beaucoup d'interrogations. Cette période de l'histoire est ici bien obscure.

Pourtant il en est fait état, et en ce lieu, dans les guides des pèlerins dès le XIe siècle.


Une stèle ornée d'une coquille et de deux chevaliers a été édifiée en 2012 au bord du chemin de Compostelle
 à l'emplacement de l'hôpital disparu



A quand la découverte de sépultures ou traces de combattants dans l'immense massif forestier de Taller ? Les terribles tempêtes de 1999 et 2009 n'ont en tout cas rien exhumé de tel !



paysage aujourd'hui des landes de Taller, sur le chemin de Compostelle, près de Kio


Traduction française d'un extrait de l’acte de fondation de l’abbaye de St Sever :

« La nation impie des Normands ayant fait irruption dans les terres que je tiens de Dieu par droit héréditaire, je suis venu au tombeau du saint martyr Sever pour implorer sa protection contre ces barbares, promettant, s’il me rendait victorieux, de lui assujettir tout l’état soumis à ma domination, comme avait fait Adrien, roi du même pays, et m’engageant à construire au lieu d’une petite église que ce prince avait élevée en son honneur, un ample et magnifique monastère. Ayant, après ce vœu, livré bataille à cette troupe maudite, je vis paraître à la tête de la mienne le saint martyr, monté sur un cheval blanc et couvert d’armes brillantes, avec lesquelles il terrassa plusieurs milliers de ces méchants, et les envoya aux enfers. Parvenu au comble de mes souhaits par une dernière victoire, je m’empressai de m’acquitter de mon vœu… »

Extrait du cartulaire de Condom - compilé vers1380 :


cliquer pour agrandir

« Parmi eux se trouvait un très redoutable normand appelé Airald [= Harald] qui protégé par sa cuirasse et ses armes paraissait invulnérable : les traits le touchaient mais ne le blessaient pas. Enfin il fut fait prisonnier et, sous sa cuirasse, on vit pendre à son cou la croix du Seigneur, alors qu’il en était indigne. Sitôt qu’elle lui fut retirée, il mourut. Le comte [Guilhem-Sants] offrit alors ce bois porteur de vie à notre monastère [St-Pierre de Condom]. Depuis, il apporte le salut, car on a reconnu sa vertu contre l’incendie, la tempête, et, aspergé de vin, dans le rétablissement des malades. On nomme toujours cette croix du nom du guerrier qui la portait. Guilhem devint ainsi prince de la province… ».
La résidence de Guilaume Sanche était, selon Marca, le Palestrion de Saint-Sever où se tenaient les assemblées.
Gombaud, le frère, associé au gouvernement de la Gascogne dès 977,devint,une fois veuf, "évêque de Gascogne", notamment d' Aire et Dax, et semble mort en 982. Son fils Hugues fut le premier abbé de Condom.


sources à consulter :
BULLETIN DE LA SOCIETE DE BORDA-DAX-
colloque sur le millénaire de la bataille de Taller, 1983.
BOYRIE-FENIE (Bénédicte), Le toponyme « Taller »,
1983, 4e tr. p.567-571
LARREGUE (Josette), Le point sur les recherches de Taller (octobre 1981),
1982, 2e tr., p. 201-205
LARREGUE (Josette), La Fosse Guimbaud : une certitude,
1983, 4e tr., p.587-596 [Taller]
MUSSOT-GOULARD (Renée), La bataille de Taller,
1983, 4e tr., p.543-561
GAYON (Jean) La bataille de Taller bull Mémoire du Marensin n°12 2001 p 152-153



une autre version de l'arrivée des Normands dans les Landes
- dessin d'Iturria - Sud-Ouest janvier 2013-

Mais le doute est permis sur la réalité de cette bataille à Taller
Voir à ce sujet de la réalité ou du mythe:

Stephen Lewis – Histoire des abbés de Condom et lieu supposé d’une bataille légendaire à 'Taller' - dans la thèse Vikings en Aquitaine – université Caen Normandie – 2021 – pages 631 et ss - https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03339358  (en anglais)

Joel Supéry - La fin de la période viking en Gascogne – étude critique de la thèse de Stephen Lewis - https://www.academia.edu/41474140/

panneau sur le site



CRASSUS ET LES TARUSATES



Souvenons nous ! Ou plutôt, reportons nous au récit de César dans ses 
Commentaires sur la Guerre des Gaules (Livre III)

Donc nous sommes en 56 avant J.C. Jules César envoie son jeune lieutenant et légat, Crassus ( Publius Licinius Crassus) à la conquête de l'Aquitaine, dernière région insoumise . Venant de l'Anjou, ledit Crassus arrive sur place depuis l'Agenais, à la tête d'un corps expéditionnaire ( la sixième légion) de douze cohortes, soit à peu près 7000 légionnaires, renforcé d'auxiliaires gaulois recrutés dans les régions voisines, de vétérans de la Province romaine, venus de Toulouse et Narbonne, et de 1000 à 2000 cavaliers.

Cette armée parvient sur les terres des Sotiates. C est le seul peuple sur lequel les historiens semblent s''être accordés et le seul à avoir un roi et un oppidum situé à Sos en Albret (oppidum Sontiatum), entre Nérac et Saint-Justin. Ces Sotiates livrent un combat de cavalerie puis une bataile d'embuscade qui se soldent par des échecs. Contraints de se réfugier dans leur capitale ils y sont assiégés et finissent par capituler ( une sortie dirigée par leur chef Adiatuanos a même lieu pendant les pourparlers) .

Après cette première victoire,Crassus marche sur les terres des Vocates ( pays de Bazas) avant de descendre vers le pays des Tarusates .
Les Aquitains, prévenus de la chute rapide de leurs voisins, se coalisent et rassemblent des troupes, sollicitent le concours des états espagnols, et se préparent à la résistance pour éviter que l'ennemi atteigne les terres fertiles au Sud de l'Adour. Au vu de la prise rapide de Sos, selon César, ils renoncent aàsoutenir de nouveaux sièges et adoptent la tactique des camps fortifiés depuis lesquels des courses sont organisées pour intercepter les vivres. Et, c'est sans doute dans un de ces camps qu'ils se rassemblent. Ils sont bientôt 50 000.

Crassus, en infériorité numérique, déide d'attaquer au plus vite et se met en ordre de bataille. Les Aquitains refusant le combat, les romains assaillent le camp où l'ennemi est regroupés et retranché. Ayant repéré une faiblesse de la fortification à l'arrière du camp qui offre sur ce point un accès facile, Crassus y envoie sa cavalerie et quatre cohortes toutes fraîches, en faisant un long détour, pour dérober leur marche. Les romains forcent alors l'entrée et pénètrent dans le camp par surprise. C 'est alors la déroute des Aquitains qui fuient.

En rase campagne la cavalerie romaine écrase les fuyards. A la nuit de ce dernier combat César précise que seul un quart des 50 000 ennemis en réchappe. Ce qui suppose 35000 morts !!!



Au bruit de cette défaite, la plus grande partie de l'Aquitanie se rend à Crassus, et envoie d'elle-même des otages. De ce nombre sont les Tarbelles(Dax), les Bigerrions ( Bigorre?), les Ptianes (Orthez?), les Vocates(Bazas), les Tarusates(Aire), les Elusates (Eauze), les Gates ( ?), les Ausques (Auch), les Garunni ( haute vallée de la Garonne), les Sibuzates( Saubusse?), et les Cocosates (entre Lesperon et Sindères?) Quelques états éloignés se fiant sur la saison avancée, négligent d'en faire autant

C'est cette seconde bataille qui acheva la conquête et la soumission de l'Aquitaine par les romains. Commença alors l'occupation (Certains auteurs précisent que quatre cohortes occupèrent le pays des Tarbelles et six celui des Cocosates, entre 56 et 27 avant JC)



Tout cela se passa à la fin de l'été de l'an 56 avant J.C mais où exactement ?


Le lieu de ce dernier combat n'est toujours pas déterminé. Plusieurs auteurs distingués se sont cassé les dents sur l' affaire, parfois avec passion, prêts à en venir aux mains pour soutenir des versions contradictoires .



Toute le problème découle de la difficulté de localiser avec certitude le peuple des Tarusates. Malgré l'apparente parenté avec Tartas (qui n'existait pas au temp de la conquête romaine), les historiens ont tendance à les situer au bord de l'Adour et les identifient avec les futurs Aturenses à Aire sur l'Adour, en tout cas dans le Tursan.

L’hypothèse d'Aire sur l’Adour (Atura), semble pouvoir s appuyer sur la topographie du site qui permet le positionnement des adversaires et les manœuvres de Crassus pendant la bataille tels que décrits par César. Les partisans de cette option ( Samazeuilh - Sorbets) évoquent la mémoire collective qui a gardé des traces qui se traduisent dans la toponymie des lieux qui jouxtent l’endroit supposé où se livra la bataille.Ainsi, sur la colline appelée Bois de Cazamon, à l'Est, était une enceinte circulaire entourée de fossés. Tout près se trouvait un poste appelé Castra de Cesar. En arrière se trouvait également le tuc de Mireloup. Enfin, à l' ouest, la hauteur de Lasserre appelée camp de Pompee. Au centre, l'oppidum Tarusatium fortifié sur le plateau ( emplacement de l'église du Mas) devenu Civitas Aturensium puis Vicus Julii. Reste cependant à déterminer la destination de chacun de ces lieux. Aucune découverte de vestiges probants ne permet de corroborer ces affirmations

D'autres auteurs (Tauzin) répliquent que César évoque deux camps proches: le camp romain abritant 8 a 10 000 hommes, le camp aquitain bien plus étendu puisque renfermant 50 000 hommes. De plus, ces camps doivent etre proches d'un grands espace découvert (apertissimis campis) ou la cavalerie romaine poursuivit les vaincus ( fines rapproché du mot apertissimis campis du commentaire de César indique que la bataille a été livrée dans un vaste pays découvert)
Par ailleurs César ne fait aucune allusion à l'Adour qui coule au pied d'Aire
Les Aquitains ayant renoncé a se défendre dans leur oppidum, Crassus ne les rencontra donc qu'ailleurs.

C'est pourquoi l'abbé Tauzin, excluant que la bataille ait eu lieu à Aire, opte pour les hauteurs du village de Miramont-Sensacq (le camp des aquitains- il existe le tumulus dit Motte de Lamarcade, contenant cendres, ossements calcinés et poteries indiquant qu'un nombre important de corps y furent brûlés en même temps) et Sarron, entre Segos et St Agnet-entre les maisons L'hoste et Bourg Dieu -  (le camp des romains)

Sur cette même base, chaque historien la place sur un des multiples castra des collines bordant l Adour.( Cazères pour Tartière - Souprosse pour Fallue, …)

Dompnier de Sauviac place le lieu de la seconde bataille au castra de Saint Loubouer ou à celui de Samadet (chronique de la cité d' Acqs), bien que plus éloignées de la plaine.

Sorbets la situe dans un périmètre entre Cazaubon, Roquefort et Saint Cricq Marsan.

Camoreyt évoque une carte de Robert en 1753 où figure un rectangle indiquant un camp de César sur la rive droite de la Douze entre Cazaubon et Mauvezin.

Pour d'autres c'est aux environs de Geaune.

Le célèbre Camille Jullian, lui, place la bataille dans la plaine de Bégaar, le camp romain ( Apertissimis campins)sur un coteau de Tartas, et les ennemis sur la légère hauteur de Bégaar.

On patine dans la semoule !!

* A propos de l'endroit où Crassus rencontra les députes aquitains venus se soumettre, M Chaudruc de Crazannes ( Nouvelles considérations sur les sotiates - Recueil des travaux de la socieété d 'agriculture, sciences et arts d'Agen-Tome VI 1852).... évoque une ancienne tradition qui veut le situer sur l'emplacement du village de Lannepax qui offrait une vaste lande qui reçut le nom de Lanae pax ( la lande de la paix) qu'elle a conservé.



CAMPS "ROMAINS" OU PAS



VOIR
Un article plus détaillé
pour ceux que cela intéresse

essai de reconstitution ( extrait article de M. de Juncarot - Bull. Soc. de Borda- 1900)

Au sud des Landes, la Chalosse est une des plus riche région en ce que l'on appelle populairement "camps romains" ou "camps de César"(!), qui subsistent sous le nom de lieu-dits Castera. Castra, Castets ou Gouarde. De fait, un grand nombre de ces camps fortifiés n'ont cependant rien de romain. Beaucoup semblent remonter aux temps préhistoriques ou protohistoriques . Certains chercheurs les attribuent cependant aux temps plus tardifs des Vascons et aux invasions barbares du VIe siècle.

Egalement, les lieux dits camp, tuc, pouy, motte, salle ..... évoquent souvent des hauteurs à vocation défensive. Malheureusement, leur origine sans doute plus tardive est la plupart du temps incertaine jusqu'aux temps féodaux.

Pour simplifier, les castras ou castéras primitifs seraient des postes militaires défensifs, les castets des lieux de refuges pour la population en temps de troubles, les gouardes et salles des postes d'observation, les mottes de petits châteaux seigneuriaux

.Les traces dans le paysage - Le castra de Gamarde


UN EXEMPLE


le camp du Mus à Doazit




 images: Ph.DUBEDOUT
 VOIR SON SITE POUR EN SAVOIR BEAUCOUP PLUS


vue du camp sur Google Earth
schéma - d'après Jean Dessis 1970 -


CAMPS ET TERTRES FORTIFIES REPERTORIES


Bien sûr beaucoup sont aujourd'hui réduits à l'état de traces plus ou moins repérables et visibles. Le paysage a changé depuis ! Aussi faut-il les évoquer avant que les temps modernes ne les effacent définitivement. Ouvrages de terre, souvent réutilisés,  ils peuvent cependant être des tertres préhistoriques, des camps gallo-romains ou postérieurs, parfois de simples mottes féodales.

Sources:
Inventaire des enceintes de France -Société Préhistorique Française-Tome XI n° 5-1914-
Cornac-Moncaut - Recherches sur les camps gaulois et les camps romains du Béarn - Bull Soc Arch de Tarn et Garonne I n°-12 1870 et II n°1 1872
Raymond Potier - recherches d'archéologie préhistoriques dans l'arrondissement de Dax Ibid II n° 9 1872
Ch. Chopinet - Etude sur les camps préhistoriques des Landes et Béarn - Revue de Comminges 1908




dessins des camps d'Amou et Souprosse





Camp peut-être, mais sans doute pas, romains.
Les spécialistes disent plutôt protohistoriques








Aire — deux camps sur les deux collines qui dominent la ville:
celui dit de César et celui dit de Pompée ( camps de la Tucolle de Mireloup et oppidum du Castéra).



Amou — camp de la Gouarde sur le plateau près de la ferme Cazalet.

Arengosse — camps de Bezaudun et Laraillet,  et tucs de Maureou, de Bergeron, de la Motte Vieille
Levées de terre et fossés, et les mottes du Tuc de Mouréou, du Tuc de Bergeron , du Tuc de la Vieille Motte


Les objets et matériaux découverts lors des prospections et sondages y attestent d'une occupation depuis l'époque de l'age du bronze et de l'époque antique jusqu'à la fin du  moyen age. Il reste d'importants ouvrages de terre utilisant le relief naturel de la bordure méridionale du plateau.dominant le Bez. Cet ensemble castral comporte deux mottes fossoyées ( une à la confluence de deux ruisseaux et l'autre à l' extrémité d'un plateau aménagé près de la maison de Mouréou), plusieurs plates-formes,et, plus à l'ouest,  une levée de terre orientée nord-sud.


Audignon — camp de Lassalle (?) plutot motte
Audon — camp de la butte de Morian (?)
Aurice  — camp des Romains
Baigts. — trois camps ( las Costes, métairie de Pouy - le-Moulia - et derrière l'église).
Bégaar. — camp-de-Bas.
Benquet — camp de Castets-Charlas 

Beylongue — camp du Tuc de Berny, au lieu-dit  Le Borgne.à Beylongue.





De forme ovale, il mesure cent soixante dix mètres sur cent trente. Le talus défensif du côté est domine de presque douze mètres le fond du fossé. Ce camp est complété tout autour par d' autres petits ouvrages défensifs ( Petit Coume, Laboy et le lieudit Lesgouarde sur la carte de Cassini)

Bonnegarde — camp du Castera (voir l'article par ailleurs)



Bougue — groupe de buttes au lieu-dit Castets (voir l'article tucs et mottes) 




Cambran -
Candresse. — lieux-dit Castera et Lassalle.
Carcen-Ponson — tertre artificiel au lieu-dit Sarrouilh,
Castets  — camp ou oppidum au lieu-dit Tuc d'ous Becuts
Castel-Sarrazin 
Cauna. — camp de Jean-Blanc
Clermont -  camp à côté de l'église ?
Dax  —  castras d’Arles, près du lieu de La Crouzade - de Mirepech à St-Paul - de Candresse - du Cap de la Roque à Tercis -

Doazit — camp du Mus (voir plus haut)

Donzacq. — camp du Pas-de-Saubot.
Duhort-Bachen — camp du Castera, près du hameau de Lahourtigue
Eyres. — camp de Casterot.
Gabarret. — camp du Bourneau.
Gailheres. — camp dans le quartier de Ricau

Gamarde — camp du Castera, dit de Crassus



Au nord ouest de Gamarde, sur le lieu-dit Le Castra, au bord du plateau dominant le Louts   se trouve le site d'un camp romain dit de Crassus, dont on devine ce qui reste les talus parapets et fossés sur le coté ouest de l'enceinte. La destruction du coté nord-est pour l'exploitation agricole a permis la découverte de tessons d'amphores et de céramiques attestant de l'occupation romaine. L'important parapet sud a été coupé en son milieu par une tranchée permettant l'accès à la métairie qui occupe le site
Du coté de la plaine, vers le nord-est,  à quelques 200m de l'enceinte, était un poste avancé formé par une gorge semi circulaire assez profonde entourant un petit plateau . La métairie qui l'occupe a conservé le nom de Gouardere (petite gouarde)

 Gamarde -lieudit Le Castra - chemin coupant le rempart de terre





Gaujacq — camp dans les jardins du château de Sourdis.

empreinte du site gallo-romain puis féodal de Gaujacq


Situé sur une plateforme  au sommet d'une colline dominant la confluence du Luy de Béarn et du Luy de France, le site fut successivement un camp retranché protohistorique , un castrum gallo-romain ( sans parler du peuplement  du supposé Gothiacum),  puis une vaste enceinte et forteresse médiévale de la famille des seigneurs  Caupenne au XIVe siècle.  Détruite, dit-on, pendant les guerres de la Fronde, il n'en reste seulement que  quelques vestiges de pan de muraille  et surtout des talus et fossés de douves qui l'entourent.
Au devant et au pied de ce site primitif aujourd'hui aménagé en jardins et plantarium , un nouveau château à été édifié au cours du XVIIe siècle par François de Sourdis lieutenant général des armées du roi Louis XIV





Habas. — camp de la Gouarde, lieu dit Sanguineda. et enceinte dite de Puyoo
                 camp de Moneigt ( Monein) - camp de la Salle du Bosc
Hagetmau  — camp du quartier de Lissandre, appelé Camgrand.
Hinx. — camp de Lous-Bire-Castets , appelé camp de César.
Larbey. — camp de Cam-de-Lous, près du Louts
.
Larriviere — camp de Saint Savin





Le site comporte d'importants retranchements, notamment du coté sud où sont de grands remparts et fossés profonds. Ce camp est, à l'est, séparé du plateau par un large fossé. Son entrée est défendue par une butte élevée en cône tronqué, séparée par un profond ravin. La présence de la bouche d'un puits indique que le lieu a été habité, et la chapelle édifiée au pied de la butte atteste l'existence d'une ancienne agglomération.

Lévignacq  — camp du Tuc de Lamothe
Losse. — camp, et autre au hameau de Lussole.
Lourquen. — camp de Casteron.
Meilhan  — lieu-dit La Gouarde
Maillères — camp de Menjous
Mimbaste -
Misson. — camp de Moneigt.
Montaut — camp de Casterot
Montgaillard. — camp du Castera et camp de Peyron.
Montsoué — camp
Montaut  — camp du village
Narosse — Les castras d'Arles

Nerbis — camp du Muy (voir article par ailleurs)

Parleboscq — Le Pouy
Peyre —  camp rectangulaire
Pomarez  — castéra
Pontonx. — camp de Balambits.
Rion-des-Landes — camp du Tuc de Pouytauzin.et de la lande  du Loc dou Bourg,
Rivière. — camp au château de la Roque
Saint-Agnet — castra
Saint-Loubouer — castra
Saint-Pandelon - castra

Saint-Sever — oppidum de Morlanne (voir article par ailleurs)
"Castrum Caesaris" devenu Palestrion, et les Castérots

Sainte-Colombe. — camp du Castera.et lieu-dit Jouarbe

Samadet — camp de La Mothe


dessins du camp de Samadet




+ voir étude très détaillée de M. de Juncarot dans le bulletin de la Société de Borda 1900 
+ étude de J.F Massie dans le bulletin de la Société de Borda 1961 



Sarron-Saint-Agnet. — le Casterot, ancien camp rectangulaire- et éminence dite Dous Tourons .
Saubusse -
Saugnac — camp de Cambran.
Serres-Gaston — castra
Soort - trois camps ?
Sorde — camp de Laroque
Sore. — camps jumeaux, appelés lous Castéras
Souprosse — camp dans le village
Soustons. — camp près du tuc de La Motte 
Vielle-Souhiran. — camp de Louslalot appelé la Motte romaine.
Villenave — camp de Mauvielle





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A propos des Tarbelles

Aquae Tarbellicae, le nom antique de la ville de Dax crée par les conquérants romains vers l’an 16 avant JC, signifie « Les eaux des Tarbelles », en référence au peuple qui habitait déjà la région.

Boudiou ! Cà date pas d’hier, comment le sait-on et qui étaient donc ces Tarbelles ?

Ce peuple est effectivement cité à plusieurs reprises dans les sources antiques latines ou grecques de l’époque impériale romaine.

Cette dénomination proviendrait, dit-on, du radical « tarb ou tarw » puis tarvos, qui signifierait alors petits taureaux, taurillons.  (Déjà fiers ou tauromaches !)

Le témoignage le plus ancien est celui Jules César (100 av JC- 44 av JC) qui le mentionne dans sa Guerre des Gaules (III, 27) à l’occasion du récit de la campagne victorieuse de Publius Crassus contre les Aquitains en 56 avant JC. Le peuple des Tarbelles y est le premier parmi les onze ayant envoyé des otages. « Hac audita pugna, maxima pars Aquitaniae sese Crasso dedidit obsidesque ultro misit; quo in numero fuerunt Tarbelli … »


Dans ses Elégies (Livre I), le poète Tibulle (54 av JC- 19 av JC) cite les Pyrénées des Tarbelles comme témoins des prouesses du proconsul Valerius Messalla à l’occasion de son triomphe à Rome après la victoire sur les peuples révoltés d’Aquitaine, dont les Tarbelles et leur capitale (An 27 av JC).

L’auteur grec Strabon (60 av JC –20) mentionne dans sa Géographie (Livre IV) que les Tarbelles qui occupaient les bords du golfe d’Aquitaine avaient dans leur territoire « les mines d’or les plus importantes qu’il y ait en Gaule » dont le torque d’or découvert à Uchacq est le rare vestige.

Plus tard, Pline l’Ancien (23-79), dans son encyclopédie Histoire naturelle (livre IV) mentionne les Tarbelles parmi les peuples de l’Aquitaine, en leur accolant le qualificatif de « Quatuor Signani »

Ce même qualificatif se retrouve sur une inscription funéraire de la fin du Ier siècle découverte au XIXe siècle aux environs de Sagunto en Espagne, et depuis perdue, qui comportait une épitaphe au nom d’un citoyen romain, L. VALERIVS MVNTANVS TARBELLVS IIII S[ig] NANVS, ainsi qualifié d’origine Tarbelle.

Ce surnom signifiant « quatre étendards, ou enseignes » suggère aux historiens que les Tarbelles furent constitués, après la conquête romaine, en une confédération de quatre tribus dispersées entre les Pyrénées et la Leyre, par le rattachement de trois communautés à celle des Aquenses établis autour de Dax.

Le poète latin Lucain (39-65), dans son épopée dite la Pharsale (Livre I), évoque l’Adour, rivière du pays des Tarbelles : « ripas Aturi, quo littore curvo molliter admissum claudit Tarbellicae aequor »

 

Mais, en fait, on ne connait pas grand-chose de plus, même pratiquement rien, de leur histoire avant la conquête romaine et leur intégration à la province de la Gaule aquitaine

Aussi, depuis le XIXe siècle et jusqu’aujourd’hui, les spécialistes de la chose antique se disputent les interprétations divergentes des textes anciens. Et, malheureusement, faute de vestiges avérés, les données archéologiques ne confortent pratiquement aucune des théories avancées.

Certains auteurs en ont fait un peuple d'origine ibère, tandis que d'autres en ont fait un peuple celtique, ou, à tout le moins celtibère. Il semble pourtant qu'il soit plus simplement un peuple d'authentiques racines aquitaines, issu du second âge du fer, et bien distinct des gaulois.


Des multiples études savantes et des controverses il résulte que leur territoire s’étendait entre les Pyrénées, la côte Atlantique, et les vallées de l’Adour et des Gaves, comprenant ainsi La Basse-Navarre, la Soule, Le Labourd, et le sud des Landes (Maremne, pays de Gosse, pays d’Orthe, et Chalosse). Leurs voisins étaient les Aturenses à l’est autour d’Aire, les Cocosates au nord (Marensin, Brassenx) … et les Vascons au sud.

 

Anciennement établis, ces Tarbelles étaient au Ier siècle avant JC considérés par les romains comme le peuple le plus puissant de la région. Ils dominaient leurs voisins Cocosates des Landes centrales (que Pline qualifie de sexignani, regroupant six enseignes ou tribus, donc plus que les Trbelles), les Aturenses de l'Adour moyen, les éventuels Tarusates de la vallée de la Midouze, les Sibusates de l'Adour inférieur, les Iluronenses du gave d'Oloron, et les Beneharni du gave de Pau.

Leur territoire aurait été cependant démembré, sous le Haut Empire, des deux derniers, pour ne conserver que la partie allant de Dax à Bayonne

 




Leur capitale était située au lieu de la future cité de Dax qui commandait le franchissement de l'Adour sur la route vers l'Espagne. la tradition y place à l'origine une cité palustre sur pilotis dans les marais au pied du Pouy d'Eauzeet autour de la source d'eau chaude. Le site était alors entouré d'une ceinture de coteaux où l'on retrouve plus tard une série de camps fortifiés tels les castras d'Arles à Narrosse, Candresse, Bignès ou la Roque à Tercis, Bire-Castet à Hinx

Ce peuple était également dispersé autour des nombreux casteras de la région, tels ceux de Morlanne à Saint-Sever, Nerbis, Gamarde, Montsoué, ou l'enceinte du Mus à Doazir, attribués aux IIèmes et Ier siècles avant JC.


Au cours du IIIème siècle, la petite ville romaine des Tarbelles, honorée de la qualification d'Auguste - Aquae Augusta- devint la métropole de la cité portant son nom -Civitas Aquensium - cité des habitants d'Aquae.

 

Plus de trois siècles après la conquête, les Aquitains primitifs et ibériques du sud éprouvèrent la nécessité de faire reconnaître leur identité commune, leur appartenance à une même communauté ethnique, géographique, linguistique, et culturelle. Une stèle de marbre découverte à Hasparren, et visible sur le mur sud de l’église, gravée d’une inscription latine du début du IVe siècle, le confirme. Elle stipule qu’ils avaient obtenu de l’empereur romain de conserver leur autonomie et d’être séparés des Gaulois celtes (comme ceux du Bordelais) lors de la création, par l’administration romaine du Bas Empire, au début du IIIe siècle, de la nouvelle province de Novempopulanie, le pays des neuf peuples, avec Eauze pour capitale, à laquelle la cité d’Aquae Augusta fut intégrée.

 



la pierre d'Hasparren


Finalement, les Tarbelles, plus ou moins romanisés, disparurent avec les invasions barbares et la chute de l’Empire, l’installation des Wisigoths puis des Francs. Les voisins Vascons de Navarre ou d’Aragon ayant alors pris une place prépondérante au nord des Pyrénées, la tutelle franque créa au début du VIIe siècle une Vasconie citérieure, puis un duché de Vasconie qui se substituèrent à la Novempopulanie.



vestiges d'Aquae Augusta au IVème siècle

  

L’auteur et poète de langue latine Ausone (310-395) était le petit-fils d'Aemilia Corinthia Maura, d'origine tarbelle, peut-être née à Dax, ayant épousé un Arborius, Eduen (Autun), gaulois celtique, exilé et réfugié ici lors de la période anarchique des empereurs des Gaules Victorinus et Tetricus (260-274). Cette grand-mère était nommée Maura en raison de son teint brun, une première Dacquoise à l’œil noir ! 

GOUTS ANTIQUE

Le modeste bourg de Gouts (moins de 300 habitants) établi sur une terrasse dominant la rive droite de l’Adour qui coule à 1km au sud ne paie pas de mine. Pourtant son sous-sol a, à maintes occasions, révélé qu’il fut une bourgade antique relativement importante objet d’une occupation permanente depuis la haute Antiquité, la période gallo-romaine puis le haut Moyen Âge. L’emprise des découvertes archéologiques couvre ainsi plus de 15 hectares de terrain sur lesquels sept bâtiments sont actuellement attestés.

sous l'herbe dort le passé antique

Dans les années 1999 à 2001, des prospections systématiques ont été engagées sur une surface d’environ 37 hectares autour de l’église ainsi que sur une parcelle du lieu-dit Le Gliziaou (En 2004 et 2005, des prospections sur 155 hectares, autour du bourg ont révélé en outre la présence de plusieurs témoins d’un habitat antique dispersé).

A l’occasion de l’inventaire des prospections effectuées depuis la fin du XIXe siècle ont été recueillis, ou récupéré des anciennes découvertes, des kilos de tessons de céramique, des fragments de vases, d’amphores, de tuiles plates ou creuses (imbrices ou tegulae), de l’enduit peint, du verre antique, des fragments de fibules, un sceau de bronze, de plaques boucles en bronze étamé ou fer, du VIIe s, et de multiples monnaies du Ier s av. J.C. au Ve s.



Tous ces éléments attestent d’une occupation continue du lieu de la fin du IIe siècle avant J.C. au VIIe siècle
autour de l’église actuelle. La présence de vestiges du Haut Moyen-Âge prouve la pérennité de fréquentation au-delà.

d'après C. Gay - S.R.A. Aquitaine 2015

 LES DECOUVERTES

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POLES D’0CCUPATION DU BOURG

les zones de concentration des vestiges
 d'après D. Vignaud S.R.A. d'Aquitaine 2002

 Site du lieu-dit l’Eglise (cadastre A 387- A 391- A 399)

L’existence de vestiges antiques est signalée dès 1873 par l’historien dacquois A. Dompnier de Sauviac (Chroniques … p. 88-89) près l’église, entre le quartier de Ticq et celui de Morian. Il en donne la description suivante :

« De chaque côté d’une rue pavée, large de huit mètres, existent des murs très épais, antérieurs au Xe siècle ; ce sont les fondements d’édifices ou de grandes habitations à en juger par leur largeur. Nous en avons extrait des briques à rebord, semblables à celles des remparts de Dax, des débris de pots de forme antique ; le béton qui les unit contient des morceaux de briques ; tout indique qu’ils remontent au IIIe ou IVe siècle ».

Mais il interprète ces vestiges comme le témoignage d’un centre de population au temps d’une occupation des Goths, d’où il fait dériver le toponyme Gouts

En 1878, H. Du Boucher (Bull Borda p 313-316 – Gallia XXVII 1969 p. 370) mentionne, sur les mêmes lieux, la découverte, sur une centaine de mètres environ, par des ouvriers travaillant à la rectification du chemin de grande communication reliant Gouts à Tartas, d’un sol littéralement pavé de débris d’amphores et de vases de formes et de fabrication très diverses, de grands carreaux de poteries, des vestiges de substructions cimentées, des restes de mosaïque grossière, et quelques ossements humains incinérés. La datation de ces vestiges d’habitations gallo-romaines fut alors donnée par deux médailles, l’une de Claude 1er, l’autre d’Antonin le pieux (138-161).

En 1969 R. Arambourou y signale la découverte de débris d’amphores et de tessons de céramique sigilllée.

En 2005, à l'occasion de la construction de maisons individuelles, des opérations de diagnostic archéologique ont révélé la présence d'une occupation sous la forme d'un mur et d'un réseau de fosses et des trous de poteaux, ainsi qu'une structure de canalisation (tegulae). Ces structures ont été interprétées comme relatives à une occupation agricole (une demi meule dormante de meunier a été découverte à proximité). De plus, une importante concentration de céramiques dans les fosses semble témoigner de la proximité d'un habitat..

Tous ces éléments laissent à penser que le site de Gouts abritait un établissement du Haut-empire dépassant le cadre d’une simple villa.

En 2016, un diagnostic préalable à la création d’un lotissement autour de l’église a confirmé la présence de nombreux vestiges, objets, monnaies et bracelets du Haut Empire.

La présence humaine est attestée ensuite durant la période du Haut Moyen-Age, dès le VIe siècle, par une importante nécropole mérovingienne située à l'emplacement de l'église actuelle du XIIe-XIIIe siècle et de son cimetière, permettant de penser à une christianisation antique du lieu au VIe-VIIe siècle.

Site du lieu-dit Bigné (cadastre A390)

Après des sondages entre 1975 et 1976, puis 2003, une fouille de sauvetage en 2004 à l'occasion de travaux d'assainissement, puis en 2005 et 2015, ont révélé des éléments de trois structures de bâtiments antiques en moellons de pierre de Mugron et mortier à la chaux, murs parementés, briques, fondations en galets, ainsi que la découverte d'un abondant mobilier antique constitué de céramiques communes et sigillée, de fragments d'amphores, d'une monnaie ibérique en bronze de la cité de Kelse frappée en 45-44 avant J.C, d'une fibule du 1er siècle, attestant d'une occupation humaine entre les Ier et IIIe siècles. La fonction de ces bâtiments reste cependant indéterminée.

 


Dans les années 1999 à 2001, des prospections systématiques ont été engagées sur une surface d’environ 37 hectares autour de l’église. Puis, entre 2004 et 2007, des opérations d’inventaire ont permis de recueillir, ou récupérer des anciennes découvertes, des kilos de tessons de céramique, des fragments de vases, d’amphores, de tuiles plates ou creuses (imbrices ou tegulae), de l’enduit peint, du verre antique, des fragments de fibules, un sceau de bronze, de plaques boucles en bronze étamé ou fer, du VIIe s, et de multiples monnaies du Ier s avant J.C. au Ve s. Tous ces éléments attestent d’une occupation continue du lieu autour de l’église actuelle, de la fin du IIe siècle avant J.C. au VIIe siècle.


les Boucles
Ph P.Cambra S.R.A. d'Aquitaine

 

 POLES D’0CCUPATION AU NORD DU BOURG DE GOUTS

 (Dépendant actuellement de la commune de Tartas)

 

Lieu-dit Coucouse

En 1878, H. Du Boucher rappelle la découverte plus ancienne d’un « trésor » (?) près de la métairie de Coucouse, au nord de l’église. En 1969, R. Arambourou y signale la découverte de débris d’amphores à vin et de tessons de céramique sigillée, puis en 1975, à l’occasion sondages lors de travaux d’adduction d’eau, B. Watier y exhume des éléments de maçonnerie et recueille un abondant matériel de céramique commune ainsi qu’un important dépotoir d’amphores d’origine catalane espagnole.

 

Lieu-dit Plaisance (Tartas A 269-A 271)  

Une opération de sondages menée en 2003 au nord du bourg, de l’autre côté du ruisseau de Marrein, a permis de repérer et mettre à jour cinq structures antiques, vestiges d’habitats en murs de grès ou garluche appareillés ou parementés, sur des fondations de cailloutis de galets, ainsi qu’une structure légère en torchis et une aire de circulation en galets, indiquant une activité domestique. Une importante quantité de tessons de céramique fine ou commune a également été exhumée L’analyse de ces éléments, et ceux aux abords, font état d’une fréquentation du site aux Ier et IVe siècles.

 

Lieu-dit Le Gliziaou (Tartas A109)

A environ 500m au nord-est de l’église du bourg se trouve une éminence de terrain dite Le Gliziaou (aujourd’hui lieu-dit Le Petit, dépendant de la commune de Tartas) où la tradition veut qu’aurait existé une ancienne église disparue. H. Du Boucher y met à jour, par un sondage superficiel en 1878, un amoncellement mélangeant pierrailles, débris de poteries, tuiles à rebord, charbons, des cranes et débris humains entassés pêle-mêle. Puis deux campagnes de fouilles menées de 1968 à 1970 par R. Arambourou et J. Hirshinger permettent la découverte de murs en retour parés de contreforts, mais aussi d’ossements en terre libre (parfois des corps entiers), d’une cuve de sarcophage mérovingien, de métal, de mobilier gallo-romain et du haut moyen-âge, de fragments de poterie commune, des céramiques, ainsi qu’un petit bronze de la fin du IIIe s.

Par ailleurs, un nombre important d’éléments de céramique du Haut Empire au Bas Moyen-Age recueillis dans le lit du ruisseau de Marrein qui marque la limite avec la commune de Tartas semble attester de la présence d’habitations à proximité, en relation avec le Gliziaou.

Ces découvertes laissent penser à une première église et nécropole mérovingienne du VIIe siècle implantée sur une occupation primitive antique puis en partie détruite par l’édification postérieure de l’église du haut moyen-âge disparue évoquée par la tradition (église de Saint-Genès mentionnée au XIIe siècle).

(A en croire une bulle du pape Clément IV en 1266, il aurait existé quatre églises et donc paroisses primitives coexistant autour de Gouts durant le Haut Moyen-Âge, dont celle du Gliziaou et l’église actuelle du bourg, mais aucune trace des deux autres disparues)

 

LES VOIES GALLO-ROMAINES

En 1976 et 1977, l’archéologue B. Watier assistée de G. Bareyt ont identifié, à 3 kms à l’est de l’église, ce qui apparaît être une voie antique sur un chemin désaffecté au milieu de la zone forestière des Landes d’Artigues que la tradition locale avait baptisé de « voie romaine ». Les sondages effectués ont montré que cette large voie (4 m et 8m en ajoutant les semelles et fossés) rectiligne, composée, sur une épaisseur de 1,20m, de couches de blocs d’alios, de terre noire, et d’une couche damée de graviers et galets de l’Adour, suivait un tracé à peu près parallèle au cours de l’Adour, approximativement d’ouest en est, en direction de Souprosse. Elle est identifiée sur 2 500 mètres puis repérée sur environ 4 500 mètres. Des morceaux de cette voie, probablement aménagée à l’époque gallo-romaine sur le tracé d’une piste plus ancienne pouvait ainsi relier les cités de Dax et Aire-sur-Adour, ont été repérés au début des années 2000, notamment par D. Vignaud.

Dès 1878, H. Du Boucher évoque "les vestiges d'une voie très ancienne" près du site de Coucouse. Des structures liées à cette voie sont également évoquées en 1977 pr B. Watier, et révélées à proximité et au nord de l'église par des photographies aériennes. Une intervention de 2018 faisant suite à un projet de lotissement à 300 mètres à l'est de l'église, non loin du lieu-dit Couyaou a d'ailleurs permis de mettre en évidence les traces de deux fossés parallèles constituant très probablement les bords de cette voie gallo-romaine. Ces deux tronçons seraient alors un prolongement de la voie repérée dans les landes d'Artigues.

Par ailleurs, en 2004, G. Pujol révèle, à l'occasion de travaux d'adduction d'eau près du site de Bigné, un autre tracé de chaussée antique de construction similaire et sans doute contemporaine des précédentes. Cet axe  qui sépare les parcelles 387 et 391 à l'ouest et 398 à l'est, est perpendiculaire au tracé précédent, orienté approximativement nord/nord-est et sud/sud-ouest ( comme les murs découverts en retrait, cette voie semble avoir assuré l'accès à l'Adour depuis le site gallo-romain du bourg.

Ces deux voies assurent au site antique de Gouts un réseau routier non négligeable qui pourrait être à l'origine de l'implantation et du regroupement de l'habitat dans le secteur de l'Eglise autour de ces deux axes principaux. En effet, les murs et les structures antiques mis au jour sur le site de l'Eglise et Plaisance ont la même orientation le long du tracé présumé de la voie..


GOUTS CARREFOUR DE VOIES – POLE D’ECHANGE ?

Gouts apparait ainsi comme un carrefour économique fluvial et terrestre. L’existence des deux voies romaines toutes proches conforte l’idée que Gouts, idéalement situé au carrefour des cités de Dax et d’Aire-sur-l’Adour, pourrait avoir profité de son emplacement stratégique à la confluence de l’Adour et de la Midouze pour devenir un centre portuaire de transit et d’échange des cargaisons fluviales en raison des problèmes de navigabilité de l’Adour au-delà, nécessitant un transport terrestre.

D’ailleurs, l’identification de la diversité des origines de fabrication des objets recueillis prouve que Gouts n’était pas un simple habitat rural. On constate en effet qu’une part importante de céramiques et monnaies provient d’Hispanie. Une autre partie des céramiques fines rouges (sigillées) peut provenir des ateliers du Tarn (Montans), d’Aveyron (La Graufesenque) voire d’Italie ou Bétique. Dans le domaine monétaire, la province de Narbonnaise fournit le plus d’exemplaires, après les frappes de Rome. De même, la présence d’amphores d’Hispanie Tarraconnaise, ou de vases à sel de Salies-de-Béarn, matérialise bien l’ouverture de Gouts vers l’extérieur.

En résumé, il apparait probable que Gouts constituait un groupement d'établissements ruraux de la période gallo-romaine dont l'emprise importante, le niveau économique relativement élevé, les voies, la proximité du fleuve, peuvent militer en faveur d'un site portuaire sur l'Adour (installé à l'écart des risques d'inondation) et un pôle d'échanges. Mais, à défaut d'autres découvertes probantes, la nature exacte de son implantation, l'étendue de son occupation, et son rôle, restant à confirmer..

 

Cependant, les vestiges de ce passé antique posent un problème à la commune. Le moindre projet de voirie ou de lotissement aux abords de son église suscite la réaction des services d’archéologie (DRAC et INRAP) qui exigent un diagnostic et des prospections préalables à toute réalisation. Ce fut le cas entre 2015 et 2018 pour un terrain près de l’église et l’emplacement de l’auberge de la Poutoune détruite par un incendie, qui amena la mairie à renoncer à son lotissement et transformer son projet en parking pour éviter les fouilles exigées avant tout permis de construire… Il n’y eut donc pas de fouilles.


2017 - le maire de Gouts dépité, sur le site du litige 

ph. Ph.Salvat-Sud-Ouest-


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SOURCES UTILES POUR LES CURIEUX

 

R. Arambourou – Rapport d’activité – SRA d’Aquitaine 1965.

R. Arambourou – Découverte de débris d’amphores et tessons de céramique sigillée au lieu-dit Coucouse – Gallia XXVII 1969 p 370.

B. Boyrie-Fenié – Carte archéologique de la Gaule : Les Landes - Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris 1995.

L. Callegarin – L’étude des monnaies découvertes lors de prospection et d’un sondage réalisé à Gouts-Le Bigné – in G. Pujol : rapport sur le sondage de la parcelle A390 - SRA d’Aquitaine 2004.

L. Darmon – La contribution de la céramologie à l’identification typologique d’un site archéologique : le cas du site de Gouts (Landes) – master -Université de Pau et des Pays de l’Adour 2015.

A. Dompnier de Sauviac – Chroniques de la cité et du diocèse d’Acqs - Dax, Champion, 1869-1873.

H Du Boucher – Découvertes archéologiques à Gouts – in Bulletin de la Société de Borda 1878.

C. Gay - Evolution et dynamique du peuplement humain à la confluence de l’Adour et de la Midouze, de la protohistoire à nos jours. Opération de prospection-inventaire. - SRA d’Aquitaine 2015.

J. Hirshinger - Le Gliziaou àTartas. Rapport de sondage - SRA d’Aquitaine 1968.

N. Moreau – Rapport de diagnostic, Gouts, L’église - INRAP Grand Sud-Ouest - SRA d’Aquitaine 2017.

G.Pujol – Rapport sur le sondage de la parcelle A390 Gouts - SRA d’Aquitaine 2004.

G.Pujol – Rapport sur le sondage de la parcelle F271 Gouts - SRA d’Aquitaine 2003.

D.Vignaud – Gouts (Landes) : de l’Antiquité au Moyen-Age, données nouvelles de prospection - SRA dAquitaine 2002.

D.Vignaud – Rapport de l’opération de prospection de 2003, Gouts - SRA d’Aquitaine 2003.

D.Vignaud – Inventaire du matériel numéraire et métallique -in G. Pujol – Rapport sur la parcelle F271, Gouts - Service régional de l’Archéologie Aquitaine 2003 p 29-34

D. Vignaud - Gouts. 25, route d’Audon, Bilan scientifique - SRA d’Aquitaine 2015.

B. Watier – rapports de sondage, Gouts - SRA d’Aquitaine 1975, 1977.

L. Wozny – Rapport de diagnostic – Gouts l’Eglise (Landes), parcelles A399, Gouts - SRA d’Aquitaine 2005.

L. Wozny – Rapport de diagnostic – Gouts l’Eglise (Landes), parcelles A387 et A391, Gouts - SRA d’Aquitaine 2005



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